Être inspecteur du travail au début du 20e siècle
La première intervention de l’État québécois dans le domaine des relations individuelles de travail au Québec est l’Acte des manufactures de Québec adopté en 1885. La Loi vise principalement la protection et la santé des travailleurs et la cessation d’abus comme le travail d’enfants de huit ans. Jusque-là, les relations entre un employeur et son employé étaient réputées relever du domaine privé. En 1894, une autre législation vient remplacer la précédente.
Afin d’obliger les employeurs à en respecter les clauses, on nomme, en 1888, les trois premiers inspecteurs du travail, dont Louis Guyon qui deviendra plus tard inspecteur en chef et le premier sous-ministre du Travail. En 1896, on voit apparaître les deux premières inspectrices. Les inspecteurs sont appelés à vérifier le respect de normes techniques dans les établissements industriels et commerciaux et, bien vite, dans les édifices accessibles au public tels les hôpitaux, hôtels, cinémas et théâtres.
Mais intervenir sur les lieux de travail, à l’époque, est souvent hasardeux. En effet, ceux-ci sont encore considérés comme des propriétés privées et venir y faire des inspections s’apparente souvent à une violation de la propriété. À preuve, cette mésaventure de l’inspecteur O.-J. Monday de Montréal survenue en 1907 : « Dans un établissement, j’ai été même éconduit par la force. Le patron me prit par le bras et me poussa vers la porte de sortie. Comme je protestais en disant que j’avais un devoir à remplir comme inspecteur envoyé par la loi, il me donna force coups de pied et coups de poing jusqu’à ce que je fusse hors de l’établissement… ».