Un premier salaire minimum mais pour les femmes seulement
Au début de l’année 1919, l’industrie de guerre éprouve des difficultés à se recycler pour s’adapter à la nouvelle paix. Au chômage, à la dégradation des conditions de travail et aux grèves s’ajoute la compétition des travailleuses. La présence de femmes sous-payées crée en outre une baisse des salaires dans les métiers qu’elles occupent et dans les entreprises et industries où elles sont en grand nombre.
La solution aurait été d’abolir la discrimination et d’établir un salaire minimum uniforme, mais le gouvernement québécois n’est pas disposé à cette époque à abolir la différence entre le travail des hommes et celui des femmes. Il choisit donc de ne légiférer que sur un salaire minimum pour les femmes, et encore seulement dans l’industrie. Il invoque la nécessité de protéger de l’exploitation éhontée une main-d’œuvre incapable de se défendre seule et de s’organiser. La nouvelle loi s’appuiera donc sur deux propositions : les femmes sont, dans l’ensemble, de faibles négociatrices; de plus, elles ne sont pas censées avoir de dépendants. Le salaire minimum sera donc l’expression du coût de la vie pour un individu.
La Loi du salaire minimum pour les femmes est votée en mars 1919. Elle demeure cependant lettre morte jusqu’en juin 1925, alors qu’on rend opérationnelle la commission chargée de transposer dans la pratique le texte législatif.